L’Agence Régionale de Santé de Martinique a mené une étude de plusieurs mois sur la qualité de l’eau de robinet. Il s’agissait de vérifier la présence de pesticides et surtout de chlordécone dans l’eau potable.
C’est l’une des grandes inquiétudes de la population depuis plusieurs mois. Après certaines révélations concernant la présence possible de chlordécone dans l’eau du robinet lors des auditions de l’enquête parlementaire, les résultats de cette enquête annoncée par le préfet étaient particulièrement attendus.
Menée entre juin et décembre 2019, elle a conduit à la recherche de 435 pesticides dont le chlordécone dans les analyses de l’eau du robinet.
100 % des 62 échantillons analysés par un laboratoire indépendant, affichent des taux conformes aux normes fixées par l’Union Européenne.
Jérôme Viguier, directeur de l’ARS explique la méthode employée pour les prélèvements :
Dans le détail, sur les 62 échantillons recueillis dans toute la Martinique, 57 ne présentaient aucune trace de pesticide. Cinq échantillons ont cependant des trace de chlordécone ou de Glyphosate, mais dont les taux étaient inférieurs aux normes en vigueur (norme UE : 0,1 microgramme par litre d’eau). La présence de chlordécone a été décelé au bourg de Grand Rivière (0,015 microgrammes/l), au bourg du François (0,021), au bourg des Anses d’Arlets (0,030) et au bourg de Basse-Pointe (0,028).
Les 5 points de surveillance concernés ont fait l’objet de prélèvements de contrôle en octobre et décembre 2019 avec une nouvelle recherche de l’ensemble des molécules phytosanitaires. Lors de ces analyses de confirmation le seul pesticide retrouvé était du glyphosate en faible concentration.
“Les résultats des prélèvements de confirmation montrent que la présence des molécules détectées est ponctuelle. La présence ponctuelle de chlordécone, en faible concentration s’explique par la provenance de l’eau brute utilisée ainsi que les mélanges d’eau opérés sur le réseau”, précise l’Agence Régionale de Santé.
L’ARS se veut donc rassurante et transparente. L’autorité sanitaire précise que l’eau à la sortie des robinets est donc bonne. L’agence en charge de la santé assure tout de même que l’objectif est d’atteindre le Zéro pesticide, herbicide ou insecticide dans l’eau.
Jérôme Viguier, directeur de l’ARS, vise un objectif zéro pesticide dans l’eau du robinet :
Dans cette enquête, l’ARS fournit également des données sur les sites de captage d’eau. Sur les 35 points utilisés par les fournisseurs d’eau, 33 ne présentent aucune trace de chlordécone.
Deux autres affichent le présence du pesticide. Il s’agit du captage « Forage Demare » à Basse Pointe qui présente des traces de chlordécone très inférieures à la norme et ce de façon intermittente et du captage de Rivière Capot encore à Basse-Pointe qui présente une contamination permanente à la chlordécone supérieure à la norme.
Sur ces deux points, l’Agence Régionale de Santé a validé les traitements mis en oeuvre par
les responsables de la distribution de l’eau :
• A « Rivière Capot », un traitement au charbon actif et un système d’ultrafiltration dans l’usine de Vivé ;
• A « Forage Demare », l’eau du point de captage est mélangée avec de l’eau ne présentant aucune trace
de chlordécone.
Ces actions permettent de distribuer une eau propre à la consommation, respectant les normes européennes.
Pour rappel, depuis 1999, cinq points de captage d’eau concernés par la présence de chlordécone ont été
fermés (Source Gradis en 1999, Forage Grande Savane en 2009, Rivière Monsieur en 2011, Source Marc Cécile
en 2015 et Forage Morne Balai en 2018) et ne participent plus à la production d’eau potable.
Sources : www.rci.fm –
Par Karl Lorand et Cédric Catan/RCI.FM/29/01/2020